Vers un dégel des marchés financiers ?

Après une année 2022 particulièrement mouvementée, jalonnée par les soubresauts des économies mondiales au sortir de la pandémie de Covid-19 et les tensions inflationnistes, les investisseurs guettent désormais les premiers signaux d’un retour à des eaux plus calmes. Si la prudence reste de mise face aux nombreuses inconnues qui planent encore, plusieurs indicateurs laissent entrevoir de potentielles bouffées d’oxygène à venir pour les marchés financiers. Et avec elles, un possible redéploiement des liquidités et un regain d’intérêt pour les actifs un temps délaissés en raison des turbulences.

Longtemps comprimée par le poids des incertitudes macro-économiques comme la remontée des taux d’intérêt, l’inflation galopante ou la chute de la croissance, la liquidité disponible semble aujourd’hui laisser entrevoir quelques motifs d’optimisme pour son reflux. Une bouffée d’air frais bienvenue pour relancer la machine financière et redonner de l’élan aux investisseurs, après des mois d’extrême prudence.

La réouverture du robinet obligataire

Principal marqueur encourageant de ce redémarrage financier en cours, le retour en grâce des obligations d’entreprises. Après une année 2022 historiquement morose, au cours de laquelle les investisseurs ont fui en masse ce segment jugé trop risqué, ce compartiment de la dette redevient aujourd’hui une valeur refuge prisée.

Voici une vidéo relatant ces faits :

Il faut dire que les rendements offerts par ces actifs sont redevenus alléchants, après des années de nivellement par les taux bas. De quoi tenter de nouveau des gérants en quête de placements rémunérateurs, à condition toutefois de bien évaluer les signatures et les secteurs porteurs. Un premier jalon pour un redéploiement des liquidités disponibles. 

L’appétit renouvelé pour le capital-risque

Moteur d’innovation et vecteur d’optimisation des rendements mais réputé risqué, le capital-risque est également un marqueur du niveau de confiance des investisseurs. Après une année 2022 difficile, les signes d’un regain d’intérêt sont désormais tangibles dans ce segment devenu à nouveau attractif.

Portées par une reprise de la confiance, les levées de fonds se multiplient en ce début d’année 2023 dans de nombreux secteurs stratégiques comme le numérique, la santé ou l’environnement. De quoi réinjecter des liquidités indispensables dans ces technologies d’avenir et potentiellement, doper la croissance à long terme.

Les grandes valeurs solides de nouveau choyées

Longtemps délaissées au profit de placements jugés plus défensifs, les grandes valeurs de référence des principales places financières semblent redevenir des destinations privilégiées pour les investisseurs. Un revirement stratégique porté par les espoirs d’un ralentissement de l’inflation et d’une stabilisation prochaine des taux. 

Bien que la prudence reste de mise concernant ces titres « value », dont la valorisation reste élevée, la confiance semble réellement revenir chez de nombreux gérants qui y voient une nouvelle fenêtre de hausse potentielle. Un mouvement décisif pour réalimenter les flux de capitaux sur les marchés actions.

Le rebond des actifs tangibles et secondaires

Après des mois de repli, les investisseurs commencent également à se repositionner progressivement sur des actifs tangibles comme l’immobilier. Biens réels par excellence, ces derniers bénéficient d’une nouvelle attractivité dans un contexte de remontée des taux d’intérêt, qui ravive la quête de rendements supérieurs.

Mais c’est aussi du côté des actifs secondaires comme le Private Equity ou la dette privée que les mouvements se précisent. Autrefois boudés pour leur manque de liquidité, ils redeviennent des destinations privilégiées des capitaux en quête de diversification et de rendements renforcés. Des arbitrages synonymes de redéploiement massif des liquidités disponibles. 

Signaux de reprise à confirmer

S’ils sont encourageants, ces indicateurs naissants restent toutefois à confirmer dans la durée, préviennent de nombreux analystes. Le risque d’un nouveau choc exogène comme une résurgence des tensions inflationnistes ou géopolitiques ne peut être totalement écarté à ce stade.  

Mais il n’en demeure pas moins que la finance mondiale semble aujourd’hui se préparer à un redémarrage en douceur. En saisissant les opportunités à chaque palier de stabilisation, les grands mouvements de capitaux devraient progressivement reprendre avec vigueur au cours des prochains mois. Un afflux de liquidités qu’il conviendra de surveiller de près tant il aura des répercussions sur l’évolution des valorisations et le niveau de prise de risque.