Comment la finance soutient la culture en France

La culture est souvent considérée comme un secteur fragile, qui dépend largement des subventions publiques pour survivre. Pourtant, depuis plusieurs années, le mécénat privé, notamment celui des groupes financiers, joue un rôle de plus en plus important dans le financement des projets culturels en France. Quelles sont les motivations et les modalités de ce soutien ? Quels sont les enjeux et les limites de cette forme de partenariat ?

Le mécénat privé, une tendance en hausse

Selon le baromètre du mécénat d’entreprise en France publié par Admical en 2020, la part des entreprises dans le mécénat culturel représente 37 % des actions de mécénat en France en 2019, soit une hausse de 5 points par rapport à 2016. Le montant total du mécénat culturel s’élève à 1,2 milliard d’euros en 2019, soit une augmentation de 23 % en trois ans. Ces chiffres témoignent de l’intérêt croissant des entreprises pour la culture, alors que les financements publics sont en baisse.

Voici ce qu’est le mécénat :

Parmi les entreprises mécènes, on retrouve de nombreux groupes financiers, comme les banques (BNP Paribas, Société Générale, Crédit Agricole…), les assurances (AXA, MAIF, MACIF…) ou les fonds d’investissement (Singular, Ardian…). Ces acteurs disposent souvent de leurs propres fondations, qui vont sélectionner et accompagner des projets culturels variés, allant du spectacle vivant aux arts plastiques, en passant par le patrimoine ou l’éducation artistique.

Les motivations du mécénat financier

Les raisons qui poussent les groupes financiers à s’engager dans le mécénat culturel sont multiples. Il peut s’agir d’une volonté d’affirmer leur responsabilité sociale et environnementale, en soutenant des projets qui ont un impact positif sur la société. Il peut aussi s’agir d’une stratégie de communication, qui vise à renforcer leur image de marque et leur notoriété, en associant leur nom à des événements ou des artistes prestigieux. Il peut enfin s’agir d’une démarche de fidélisation et de motivation de leurs clients et de leurs salariés, en leur offrant des avantages ou des opportunités liés à la culture.

Quelle que soit la motivation, le mécénat financier repose sur une logique de partenariat, qui implique un dialogue et une confiance entre les acteurs. Les groupes financiers ne se contentent pas de donner de l’argent, ils s’impliquent aussi dans le suivi et l’évaluation des projets qu’ils soutiennent. Ils peuvent également apporter leur expertise ou leur réseau à leurs partenaires culturels.

Les enjeux et les limites du mécénat financier

Le mécénat financier présente des avantages indéniables pour le secteur culturel. Il permet de diversifier les sources de financement, de stimuler la création et l’innovation, de favoriser l’accès à la culture pour tous et de renforcer le lien social. Il permet aussi de valoriser la diversité et la richesse du paysage culturel français.

Toutefois, le mécénat financier n’est pas sans risques ni limites. Il peut entraîner une dépendance ou une concurrence entre les acteurs culturels, qui doivent se plier aux critères ou aux exigences des mécènes. Il peut aussi créer des conflits d’intérêts ou des tensions éthiques, lorsque les valeurs ou les pratiques des groupes financiers sont remises en cause par les artistes ou le public. Il peut enfin être soumis aux aléas économiques ou politiques, qui peuvent affecter la générosité ou la pérennité des mécènes.

Le mécénat financier est donc un levier important pour le développement et le rayonnement de la culture en France, mais il ne doit pas se substituer au soutien public, qui reste essentiel pour garantir l’indépendance et la diversité des expressions artistiques.